Seb Astien

Auteur de science-fiction

Mon parcours autoédition, partie 1 : Pourquoi ?

Publication : 28/09/2025 - Temps de lecture 7 min



Lorsque je discute avec d’autres auteurs ou autrices, qu’ils soient amateurs ou publiés, la question revient assez régulièrement : pourquoi ai-je préféré l’autoédition ?

Avec le recul, je pense que les raisons sont multiples.

Typewriter Old - Photo par Tama66 - Pixabay

Typewriter Old - Photo par Tama66 - Pixabay

Articles de la série

  • Partie 1 : Pourquoi ?
  • Partie 2 : Les différents moyens de publication
  • Partie 3 : Travailler son manuscrit
  • Partie 4 : Se faire relire
  • Partie 5 : Mettre en page son livre
  • Partie 6 : Faire son site d’auteur
  • Partie 7 : Publier son livre
  • Partie 8 : Lancer son livre
  • Partie 9 : Parler de son livre

Les questions à se poser

Commençons par quelques questions à se poser pour savoir si ce chemin nous conviendra ou non.

Est-ce facile ?

La première question qui me viendrait, c’est la facilité. Comme souvent, la réponse est : ça dépend.

Mon tout premier livre n’a rien à voir avec la fiction. Il s’agit d’une compilation d’articles de blog présentant de Linux pour les débutants. Moyennant un peu de travail pour la mise en page à coup de Markdown, puis avec Pandoc pour produire l’EPUB, j’ai poussé avec fébrilité ce petit ouvrage sans prétention sur Amazon KDP à l’époque.

C’est à cet instant que je me suis dit : oups, j’ai écrit un livre !

Cela m’a motivé à poursuivre pour coucher sur clavier et mémoire flash mes idées de fiction.

Avec le recul, j’ai toutefois appris que si l’autoédition est simple en apparence, on se rend vite compte que ce n’est pas le cas. Comme tout produit de mauvaise qualité, c’est facile à faire. Un ouvrage mal autoédité sera bardé de défauts : la mise en page, la typographie, potentiellement pas assez de relecture et donc beaucoup de fautes.

Ça dépend donc du niveau auquel vous aspirez prétendre. Si votre but est de sobrement laisser un écrit sans trop vous prendre la tête (sans juger de sa qualité), ce n’est peut-être pas la meilleure approche. Nous verrons cela dans un prochain article sur les types de publications. À l’inverse, si vous souhaitez investir un minimum d’effort (voire d’argent) dans votre texte et le voir prendre vie, c’est une voie qui peut se révéler intéressante.

Ai-je envie de publier rapidement ?

Ce n’est pas un secret : le processus de l’édition traditionnelle est très long pour très peu d’élus à la sortie. La plupart des maisons d’édition ont leurs appels à texte fermés et croulent sous les manuscrits à évaluer. Le marché est saturé, son chiffre d’affaires diminue, et les raisons du succès d’un livre demeurent mystérieuses.

Pousser son manuscrit chez un éditeur, c’est un peu comme rechercher un emploi : on y passera beaucoup de temps à préparer son dossier, et 90% des réponses reçues au bout de longs mois seront négatives avec un message qui donnera l’impression d’être préformaté. Cela peut donc être vite décourageant et orienter vers d’autres méthodes de publication, dont l’autoédition.

Tout dépend donc si vous désirez publier rapidement (terme très relatif) ou non. Comme dit plus haut, avec Amazon KDP (et équivalents), vous pouvez pousser votre manuscrit et le rendre disponible à la vente en quelques jours. Toutefois, l’autoédition peut elle aussi se présenter sous la forme d’un parcours plus long. La différence est que vous en maîtriserez toutes les étapes.

Que signifie recourir à l’autoédition

L’autoédition demande de gérer tous les aspects de la chaîne de production du livre.

À ses débuts, on se dit qu’il suffit d’avoir des idées, de les écrire, puis de publier. J’ai eu cette naïveté, et il faut surmonter le fait que non, ce n’est pas si simple. Écrire est déjà une activité qui demande beaucoup de travail et de rigueur pour produire un récit qui sera agréable à lire. Je cite souvent cet article de la revue Solaris : Comment ne pas écrire des histoires. Celui-ci récapitule la majorité des erreurs de débutant qu’on peut faire.

J’ai coché pas mal de cases.

Une fois le texte rédigé, la première étape importante arrive : le relire et le corriger. Si vous pensez vous contenter du correcteur de votre traitement de texte ou d’un plus avancé comme Antidote, voire d’un des modèles de langage disponibles sur le Web, détrompez-vous. Ça aide, mais c’est largement insuffisant par rapport à un œil externe. L’écrivain apprend ses fautes par cœur, il ne les voit plus. Quant aux outils, ils ont leurs limitations.

Vient ensuite la mise en page. Bon nombre de sites de publication ou d’autoédition donnent des recommandations laconiques : interligne, police, taille de caractères, marges, merci et au revoir. En réalité, la mise en page et la typographie sont des domaines bien plus complexes qui ne se limitent pas à trois paramètres dans votre éditeur de texte.

Allez, vous y êtes ! Vous poussez votre bébé sur les plateformes et le rendez disponible à la Terre entière. Bravo, vous serez simplement noyé dans le bruit des millions de publications annuelles. Si vous désirez faire connaître votre livre, vous devrez donc en assurer la promotion. C’est une activité très coûteuse en temps.

Voici pour une vue d’ensemble. Je détaillerai toutes ces étapes dans les prochains articles de cette série.

Avoir l’esprit d’entreprendre

À mes yeux, l’autoédition requiert l’esprit d’entreprise. De toute façon, vous devrez en créer une pour déclarer vos revenus à l’Urssaf Artistes-Auteurs.

Au delà de la paperasse administrative, c’est en réalité tout un projet que vous allez devoir gérer. Ce projet demandera forcément un budget, qu’il soit en temps, mais aussi en argent. Si vous recourez à des prestataires pour la correction ou l’illustration, vous dépenserez des sommes non négligeables (au revoir les prochaines vacances). Pour trouver ces personnes, un démarchage sera nécessaire. La gestion de tout un planning pour la sortie du livre afin de trouver la meilleure période selon son genre et son public fera aussi partie des étapes clés.

En ce qui me concerne, ça a été un choix presque naturel en réalité. Tout simplement parce que je suis déjà Freelance dans mon activité professionnelle. Bien qu’en portage salarial pour ne pas avoir à gérer les aspects de l’entreprise, je dois tout de même m’assurer de la visibilité de mon activité, trouver mes missions et mes clients. Ces recherches se font souvent via des porteurs d’affaires auprès de qui je dois me référencer et mettre à jour mon profil. Tout comme je dois aussi gérer moi-même mes formations, et mes finances quand je prends des congés.

L’autoédition vous demandera donc le même niveau d’effort à chaque jalon : gérer les étapes, les intervenants, le budget associé, les obligations (dépôt légal, etc.), et le calendrier pour sortir votre livre à la date souhaitée.

Vous pouvez le voir par exemple dans mes différents points d’étape disponibles sur ce blog.

Garder l’esprit ouvert

Un dernier point qui me paraît essentiel est de ne pas se fermer des portes. Sans trop savoir pourquoi, j’ai toujours l’impression qu’une forme d’opposition existerait entre les auteurs édités par des maisons et les auteurs autoédités. Comme si l’un devenait mécaniquement incompatible avec l’autre ou que l’un était plus légitime que l’autre.

Bien qu’extrêmement rare, un livre autoédité peut se voir réédité par le circuit traditionnel. On doit donc garder l’esprit ouvert et se tenir au courant du marché de l’édition. Qui sait, peut-être pourriez-vous débuter en autoédition et demain faire votre place auprès d’une maison d’édition ?

Ne sombrez donc pas dans un antagonisme puéril vis-à-vis des maisons d’édition traditionnelles. Fermer la porte est très facile, mais la rouvrir est plus compliqué. C’est pourquoi je recommande aussi de toujours travailler les annexes éditoriales d’un livre : synopsis, note d’intention, pitch, tout ceci vous aidera à apprendre à le vendre.


Voilà pour le premier article de cette série consacrée à mon parcours d’autoédition. Le prochain traitera des différentes méthodes de publication avec leurs avantages et inconvénients. En attendant, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et quels thèmes vous sembleraient pertinents à aborder.